“En ce moment, ça parlemente beaucoup dans les rangs des anti-loi Taubira sur la question de l’Union civile. Pour certains, il ne faudrait pas être plus royaliste que le roi en demandant l’abrogation du « mariage pour tous » ET l’abrogation du PaCS. Ils considèrent que les unions homosexuelles doivent quand même être protégées par la loi française, et donc reconnues en tant que modèles d’amour spécifiques. Elles devraient bénéficier d’un cadre légal, dès lors que ce dernier n’instaure pas de confusion avec la symbolique du mariage et dès lors que l’accès à l’adoption est barré. Pour eux, le problème de l’homosexualité ne reposerait QUE sur le fait qu’elle soit médiatisée/politisée à outrance, QUE sur la filiation ; pas question de remettre en cause la pratique homosexuelle ou la définition d’« amour » apposée à l’union homosexuelle. Ils avancent en plus que l’union civile mettrait en valeur l’apport positif qu’apportent certains « couples » homos à la société civile et à la collectivité, et qu’elle en sortirait beaucoup du vagabondage sexuel. Que répondre à cette dégoulinade de bonnes intentions, pourtant bien éloignées de la réalité des unions homosexuelles ? Déjà que, d’une part, la loi civile n’est pas là pour valider un désir. Aucune loi n’interdit à deux personnes de même sexe consentantes de s’engager l’une envers l’autre, mais l’État n’a ni à valider cette forme d’union – par nature moins féconde que l’union aimante d’un homme et d’une femme dans le mariage, ou qu’un célibat consacré libre – ni à la promouvoir. Le « couple » homosexuel est une réalité qui peut répondre pour certains à une nature blessée, mais il repose sur une discrimination (celle de la différence des sexes) qui est extrêmement violente, car la différence des sexes est LA condition de notre existence terrestre ainsi que le meilleur cadre pour vivre l’amour quand elle est vraiment respectée. Pas d’amour sans l’accueil de la différence ! Si une nation banalise les unions homosexuelles sous prétexte qu’elles seraient de l’amour – un amour, pour le coup, qui est objectivement excluant de la différence qui le fonde -, elle est fatalement moins tournée vers la vie et vers les autres. L’union homosexuelle, même si on doit la reconnaître comme existante, et respecter en tant que personnes sexuées les deux membres qui la composent, ne peut en aucun cas constituer un modèle de société. Le rôle de l’État est de veiller sur le bien commun en favorisant ce qui va dans le sens de l’accueil de la différence des sexes ; pas de favoriser les intérêts particuliers lorsqu’ils n’apportent pas à la collectivité la meilleure ouverture à la vie et à la différence fondatrice de l’Amour et de l’existence humaine. D’autre part, pour répondre à l’argument qui avance que l’union civile libèrerait les « couples » homosexuels de la promiscuité et du libertinage, nous devons rappeler que ce qui crée l’infidélité et la précarité en leur sein, ce n’est pas le regard social porté sur eux, mais leur exclusion intrinsèque de la différence des sexes. Aucune reconnaissance « officielle » d’union n’a jamais empêché le vagabondage sexuel. S’il suffisait d’être marié pour être fidèle, il me semble que cela se saurait depuis longtemps ! Inversement l’union libre n’a jamais empêché deux personnes qui s’aiment d’être fidèles. La vraie question est de savoir 1) si la reconnaissance sociale des couples de même sexe a un sens pour la société (et non pour les seules personnes formant ce couple) 2) s’il est souhaitable de proposer de tels couples comme modèles. À mon sens, NON !”
Vincent Rouyer