“J’ai lu quelque part que Pierre Bergé, interrogé sur l’affaire du meurtre de la petite Fiona, aurait évoqué le drame de l’éducation hétérosexuelle. Si c’est le cas, Pierre Bergé qui se voulait sans doute une fois de plus provocateur a été prophète sans le savoir. Pour le couple hétérosexuel fondé sur l’image, l’enfant n’est qu’un faire-valoir et cesse d’être intéressant dès que l’on découvre qu’il est une personne et non un objet. Il n’en va pas de même du couple homme-femme aimant ouvert sur la vie.”
Vincent Rouyer
Archives par mot-clé : hétérosexualité
Hétérosexualité comme cache-misère d’une pratique bisexuelle honteuse d’elle-même
“« On est hétéro par défaut » écrivait à juste titre Irwine Welsh dans son premier roman Trainspotting en 1993. Et en effet, c’est parce que la bisexualité a essayé de se pratiquer sans se dire qu’elle s’est trouvée l’excuse et l’étiquette bien pratique de l’hétérosexualité (ou « des hétéros »), l’objet de la diversion par l’extrême par excellence.”
Philippe Ariño
Hétérosexualité/homosexualité : « je t’aime moi non plus » (et nous, on ne vous aime pas !)
“S’il y a bien quelque chose que les personnes homosexuelles (pratiquantes) et leurs suiveurs n’apprécient pas, c’est qu’on leur retire leur hétérosexualité chérie, sur laquelle s’assoit leur terrorisme idéologique. Elles y tiennent comme une idole qu’on détruit et qu’on haït parce qu’on l’imite, comme un jumeau siamois insupportablement indispensable et indissociable de soi. Sans l’hétérosexualité, leur défense de la pratique homo, de l’« identité » et de l’« amour » homo, ne tient plus debout.”
Philippe Ariño
Ex-CUCH-ez-moi mais nous avons nous aussi menti aux enfants
“J’entends par « discours hétérosexuel » tous ceux qui parlent de la différence des sexes sans l’amour, ou bien qui sont centrés uniquement sur la natalité et l’enfant : ex : « Un père et une mère, c’est élémentaire », « Un papa, une maman, y’a pas mieux pour un enfant ! », « Papa, Maman, on ment pas aux enfants », « Papa, maman et les enfants, c’est naturel », « 1 papa + 1 maman pour la filiation », « Sauvons les enfants de la loi Taubira », « Le mariage = 1 homme + 1 femme », « Nous sommes tous des enfants d’hétéros ! », etc.). Ex-CUCH-ez-moi mais tout repose sur l’union corporelle d’amour entre l’homme et la femme, qu’elle soit couronnée par l’arrivée d’un enfant ou pas (même si c’est mieux quand l’enfant est l’horizon d’amour de cette union). Nous avons été trop hétérosexuels dans nos discours depuis un an. Nous avons, nous aussi, menti aux enfants.”
Philippe Ariño
COMMENT ENVISAGER LA SUITE DE NOTRE MOUVEMENT ?
COMMENT ENVISAGER LA SUITE DE NOTRE MOUVEMENT ?
État des lieux
Notre mouvement est beau, prometteur, historique, entend-on. C’est totalement vrai. J’y souscris complètement. Et dans la joie. Mais a-t-on vraiment mesuré en quoi ? Je ne le pense pas. Du coup, le constat optimiste se fige en auto-contentement, en esthétisme révolutionnaire… et en angoisse pour l’avenir. Il ne suffit pas de vanter l’ « Unité dans la pluralité » pour donner corps à cette assertion.
Alors d’emblée, je vous dis : N’ayons pas peur. Notre mouvement est déjà génial, et ne doit pas en rester à l’intuition de ce qu’il est.
D’où vient le flottement actuel de notre mouvement, que ce soit aux Veilleurs ou à la Manif Pour Tous et autres groupes d’opposition aux politiques du gouvernement de François Hollande ? Du fait que nous n’ayons pas encore nommé ni identifié notre ennemi : la BIPOLARITÉ HÉTÉROSEXUALITÉ-HOMOSEXUALITÉ, qui définit arbitrairement l’Humanité (depuis les Lumières et surtout depuis 1869, date de création des termes « homosexualité » et « hétérosexualité »), bipolarité qui a anesthésié les esprits de nos contemporains et qui a fait la pluie et le beau temps sur nos pratiques sexuelles depuis un siècle et demi. La majorité d’entre nous s’est habituée à celle-ci, l’a cautionnée, et s’en sent même responsable et fière ! Et pour ce qui est de notre contexte national depuis un an, la majorité d’entre nous s’est déjà résignée à enterrer le « mariage pour tous » (loi Taubira) et pense que l’urgence et le « réalisme » de notre situation nous conduit à parer au plus pressé, au plus actuel, à lutter contre l’ennemi le plus évident et le plus proche : l’idéologie du Gender (c’est l’orientation qu’ont choisi des groupes comme Civitas ou comme la Manif Pour Tous). Nous nous tournons logiquement vers les conséquences directes de la loi Taubira : la famille, la PMA, la GPA, le Gender, l’adoption, le statut de l’embryon, etc. Et bizarrement, ceux qui disaient « On ne lâche rien ! » ont déjà lâché joyeusement leur demande d’abrogation du « mariage pour tous ». Paradoxe qui m’hallucine…
Quand certains voient l’ennemi super proche, d’autres au contraire (et ce n’est pas mieux) voient l’ennemi super loin : Frigide Barjot dit se battre contre le fascisme, les « ultras », « pour les homos » et « contre l’homophobie » (sans chercher à définir ni à comprendre aucun de ces concepts) via l’Union Civile et la constitutionnalisation du mariage femme-homme ; l’Écologie humaine se bat contre le transhumanisme en proposant une réflexion utile sur toutes les lois de bio-éthique qui concernent la vie (vaste programme ; peut-être trop vaste et trop abstrait pour les gens de notre époque) ; les groupes plus radicaux et politisés (Printemps Français, Hommen, Prisonniers politiques, etc.) voient l’ennemi dans l’État français ou la République, et pensent que le bien-fondé de leurs actions reposera sur le fait que leurs buts deviennent leurs moyens, sur leur force de frappe et leur visibilité ponctuelle. Certains (Civitas par exemple), enfin, spiritualisent le combat en termes d’affrontement des « forces du bien » contre les « forces du mal ».
Si nous savions comme la pierre d’achoppement qui tient tout l’édifice idéologique de nos gouvernants c’est la bipolarité hétérosexualité/homosexualité (appelée « Amour »), si nous comprenions que notre point commun avec nos opposants c’est notre croyance aveugle en l’hétérosexualité, nous n’hésiterions pas à la dénoncer et à dire que si nous nous sommes levés contre le mariage gay, ce n’était pas seulement contre la pratique homo mais contre toutes les lois hétérosexuelles (abortives, contraceptives, infanticides, parricides, identicides et familicides) qui l’avaient précédé ! que nous nous sommes levés en réalité contre l’hétérosexualité ! Tant que nous ne nommons pas notre ennemi, jamais nous n’avancerons. Cette bipolarité hétérosexualité-homosexualité touche aux deux réalités que nos mouvements essaient de caresser timidement : l’identité humaine (à travers la lutte contre le Gender, contre le transhumanisme, contre l’euthanasie) et la parenté humaine (à travers la lutte contre l’exclusion de l’altérité des sexes dans le cas des adoptions, PMA, GPA).
Contrairement à ce que nous essayons de nous faire croire, ce ne sont pas « la défense de la Vie » ni « l’Espérance » (notions très belles mais qui peuvent vite devenir de grandes abstractions) qui vont nous tirer d’affaire. C’est la lutte contre l’hétérosexualité. Si nous défendons l’amour, les enfants, la vie, la filiation, la famille, figurons-nous bien que les promoteurs de l’adoption, du mariage homo, de la PMA, de la GPA pour tous, font de même ! Beaucoup, d’ailleurs, ne comprennent pas pourquoi nous nous opposons à leurs revendications car ils nous entendent soutenir les mêmes choses qu’eux : la beauté des familles, les droits de l’enfant, l’importance de l’adoption, le respect de l’amour et des identités, la grandeur des différences, etc. En revanche, eux défendent le binôme homosexualité-hétérosexualité pour ensuite rapidement l’asexualiser sous le vocable d’« Amour ». Toutes les lois inhumaines que notre gouvernement socialiste propose avec sincérité sont passées au nom de « l’amour » homosexuel, qui a d’abord été opposé à l’amour « hétérosexuel » puis universalisé et rendu neutre par le terme « Amour », et au nom du fait qu’il fallait respecter l’égalité de traitement entre « homos et hétéros ». Par exemple, il y a pile un an, le 10 septembre 2012 dans le journal la Croix, Mme Taubira justifiait qu’il fallait donner le « droit à l’adoption » aux couples de même sexe sous prétexte qu’il aurait soi-disant déjà été donné aux couples « hétérosexuels » (alors que, dans le meilleur des cas, ce droit ne doit être donné qu’aux couples femme-homme aimants, et non à tous les couples femme-homme ni encore moins aux « couples hétéros ») !
Nous devons donc clairement nous opposer à l’hétérosexualité, qui consolide par défaut les mythes homosexuels, et qui évacue les corps et les cœurs. Car quand on remplace la réalité des couples femme-homme aimants ou des célibataires consacrés par le mot « hétérosexualité », on gomme ET la différence des sexes, ET l’amour dans cette différence. On glisse des « Droits de l’Homme » aux « Droits des hétéros puis des homos… puis ni des homos ni des hétéros mais des Amoureux asexués », en zappant l’Humanité et la différence des sexes. On remplace un monde partagé entre hommes et femme, et entre Créateur et créature, par un monde individualiste défini selon les fantasmes identitaires, les pulsions et les tendances érotiques, les pratiques sexuelles, et non plus sur l’alliance entre sexuation et Amour. C’est très grave.
Alors j’ai conscience que nous partons de loin en remettant en cause cette bipolarité hétérosexualité-homosexualité sur laquelle le monde s’est assoupi maintenant à échelle mondiale et dans la sphère politico-médiatique. Je mesure que les CUCH (Cathos Unis Contre l’Hétérosexualité) et moi vous lançons dans une lutte digne d’un match entre David et Goliath. Je sais que la piste de l’hétérosexualité a tout l’air de LA fausse piste ou du sophisme. Je sais que le combat contre l’hétérosexualité paraît fou, risible, fragile, inaudible, difficile à expliquer, moins concret et sécurisant que la lutte contre le Gender ou le statut de l’embryon. Mais c’est notre seule issue. Toutes les lois gouvernementales anti-Vie et anti-Amour reposent socialement sur le consensus mou globalisé de l’hétérosexualité. La bipolarité hétérosexualité-homosexualité est la mère du Gender, du PaCS, du mariage pour tous, et sera la mère de la PMA, de la GPA, des suicides assistés, des manipulations sur embryon, etc. Tant que nous nous laissons étiqueter « hétéros », nous nous auto-désignerons tacitement comme « non-homosexuels » donc « homophobes », « fascistes », « masculinistes » ; nous défendrons sans le vouloir toutes actions se valant de l’accueil des personnes homosexuelles pour s’acheter une bonne conscience ; nous validerons tous les couples femme-homme qui ne sont pas des modèles d’amour, et nous serons toujours accusés de cautionner une structure d’identité et d’amour – l’hétérosexualité – qui n’en est effectivement pas une !
Concrètement, ça donne quoi ?
Maintenant que j’ai parlé du but et de notre ennemi (après, qu’on les assume ou pas, c’est un autre problème : moi, je suis juste chargé de vous les dire, et de vous montrer que sans leur dénonciation, nous n’avancerons pas et nous accrocherons aux branches fragiles du Gender ou de l’écologie), quelles méthodes concrètes pour avancer ?
Vous savez, je commence à côtoyer suffisamment d’Université d’été et de groupes d’opposition à la loi Taubira pour humer les ambiances, comparer les différentes conceptions d’actions et de stratégies. Tous pensent efficacité (parce qu’ils paniquent) avant durée et vérité.
Tous ? Non ! Les seuls qui échappent à cette règle, je trouve que ce sont les Veilleurs. Les Veilleurs sont le seul lieu humain où fond et forme, Charité et Vérité, cherchent à s’épouser. À mon sens, ce sont les Veilleurs qui peuvent le mieux nous apporter la solution à notre mouvement, tant sur le plan des idées que des méthodes.
Quand je dis les Veilleurs, pas n’importe lesquels. Des Veilleurs qui ne font pas que philosopher sur des abstractions (la nécessité de l’engagement, l’importance de la liberté de penser, le pouvoir de la résistance, etc.), qui ne font pas qu’organiser des kermesses entourées de CRS. Mais des Veilleurs qui pensent au sens et aux applications concrètes de notre engagement pour le contexte réel et mouvant qui est le nôtre. Des Veilleurs qui dépotent et qui commencent/continuent, sur les places publiques, en politique (syndicats, partis) et dans les médias, à dénoncer, PAR LA CULTURE ET PAR LA PAIX, les incohérences du système hétérosexuel (un système inconsciemment bisexuel et asexuel). Des Veilleurs dont les responsables doivent être mieux identifiés et mieux formés pour parler et discerner des actions à venir (le mouvement des Veilleurs n’a pas encore assumer de se choisir des « chefs » : c’est une grave erreur et son talon d’Achille, car il en a besoin. Et le pire, c’est que des chefs au service, intelligents, posés, qui ont des choses à dire, qui ne font pas potiche, les Veilleurs en ont : Axel Rokvam, Madeleine Bazin, Marianne de Lyon, Gaultier Bes de Berc, moi s’il y a besoin, etc.).
Vous vouliez d’une rentrée corsée ? Et bien nous y sommes ! Voilà comment je vois concrètement les choses : impliquons-nous intellectuellement, artistiquement, politiquement contre l’hétérosexualité et à travers les Veilleurs. Et ma remontrance sur la Veillée de la Concorde n’était qu’un encouragement à tout miser sur les Veilleurs.
J’ai dit ce que j’avais à dire.
Philippe Ariño, 2 septembre 2013
Y voir clair sur le piège sémantique tendu par le mot « hétérosexualité »
(par Vincent Rouyer)
Petite leçon pour ceux que ce site interpelle et qui continuent souvent bien malgré eux à se laisser piéger par un vocabulaire qui a conduit tout droit à justifier les fondements de la loi Taubira : L’utilisation du terme homosexualité participe à la lente intoxication de la pensée qui nous a conduit à considérer comme équivalentes des choses par nature différentes.
Le terme d’hétérosexualité a été inventé au XIXème siècle par le psychiatre austro-hongrois Krafft-Ebing pour faire pendant au terme d’homosexualité qui venait d’être inventé juste un an avant. Il servait à désigner une sexualité libertaire dégagée des contraintes bourgeoises de la procréation et qui pouvait s’orienter autant vers les hommes que vers les femmes. L’homosexualité se définissant, elle, comme une sexualité dirigée vers le même sexe. Le but étant de définir un type de sexualité symétriquement opposé à l’homosexualité mais pas de définir une sexualité normale. En considérant qu’à la même époque les aliénistes français de la fin du XIXème avaient défini la dépression et la manie comme deux entités pathologiques symétriques qu’Emil Kraepelin regroupera au début du XXème siècle sous le terme de psychose maniaco-dépressive (concept qui a évolué depuis vers celui de trouble bipolaire) en considérant que ni l’état dépressif, ni l’état de d’excitation maniaque ne correspondent à la norme en matière de santé mentale.
Par la suite, le terme d’hétérosexualité a été abusivement assimilé à la norme dans le but de construire une vision essentiellement bipolaire de la sexualité humaine, vision centrée uniquement sur l’attraction superficielle que peuvent exercer sur les individus les stéréotypes de l’homme et de la femme objet, sans tenir compte de la richesse et de la complémentarité originelle contenue dans la différence des sexes et manifestées dans l’homme et la femme réels. Car le fondement même de la sexualité humaine dans sa forme la plus aboutie, c’est bien la différence des sexes couronnée par l’amour, différence qui non seulement fonde le terme même de sexualité (comme le rappelle Fabrice Hadjadj dans son excellent ouvrage intitulé « La Profondeur des sexes ») mais qui est également au fondement de chacun de nous en tant que nous en sommes issus.
Cette bipolarisation idéologique de la sexualité humaine avait déjà été remise en cause sur le plan scientifique dans les années 50 par le fameux rapport Kinsey qui montre bien qu’il n’existe pas deux catégories distinctes de désir sexuel chez l’homme mais que l’homosexualité peut être considérée comme une dimension plus ou moins ancrée ou dominante suivant les individus.
Néanmoins cette vision dichotomique continue à s’imposer dans le débat actuel à travers une lecture idéologique de la société qui vise à remplacer la différence des sexes par la différences des orientations, les droits de l’homme et de la femme par les droit des homosexuels et des hétérosexuels. Dans les débats, l’homosexualité est assimilée par de nombreux militants au fait d’être gaucher : La majorité des individus étant droitière a imposé à la société un modèle de civilisation fondé sur la dominance de la main droite et qui désavantage les gauchers, de même la majorité des individus étant selon eux « hétérosexuelle » aurait imposé à l’ensemble de la société une « hétéronorme » désavantageant les personnes d’orientation homosexuelle.
Si l’on considère l’hétérosexualité comme une norme sexuelle ou comme la forme aboutie de la sexualité humaine (ce qu’elle n’est pas) rien ne s’oppose à ce type de raisonnement et les revendications égalitaires qui ont abouti à la loi Taubira sont intellectuellement fondées.
Combattre la loi Taubira et ses idéologies sous-jacentes c’est donc d’abord combattre les concepts qui l’on porté et en premier lieu celui d’hétérosexualité.
Vincent Rouyer
CIVITAS promeut l’hétérosexualité : Ça vous étonne ?
(par Philippe Ariño)
CIVITAS promeut l’hétérosexualité et les groupuscules d’extrême gauche ou d’extrême droite sont les seuls à croire en elle. Ça vous étonne ? Moi pas du tout ! L’hétérosexualité étant par définition une idéologie figeant les hommes et les femmes dans des rôles qui ne leur permettent pas de se rencontrer et de s’aimer librement, il est complètement logique qu’elle soit défendue ET par les libertins d’extrême gauche ET par les bourgeois d’extrême droite qui se disent « cathos » mais qui détestent l’Église et les « catholiques d’après Vatican II ». Autrement dit CIVITAS et les membres de la Fraternité saint Pie X. Ces derniers, lors des Manifs anti-mariage-homo, étaient d’ailleurs les premiers à scander des messages aussi absurdes qu’anodins et typiquement hétérosexuels (« Nous sommes tous des enfants d’hétéros !! »), ou bien à vider la différence des sexes et la procréation de tout amour (« Un père, une mère, c’est élémentaire ! » ; « Papa, maman, c’est évident ! » ; « Père + Mère = enfant » ; etc.), car sans s’en rendre compte, ils sont autant les promoteurs d’un ordre hétérosexuel que les pro-mariage-pour-tous. La seule différence, c’est que les uns l’invoquent pour le diaboliser, et les autres pour le sacraliser et s’y identifier. Mais les deux camps s’accrochent au même mythe.
D’ailleurs, il y a de ça 4 jours (le 11 juillet 2013), j’ai eu le bonheur de recevoir dans ma boîte aux lettres un e-mail de la rue des Chasseurs (pan ! pan !) – doux nom de l’adresse du Siège Social du mouvement CIVITAS – écrit par Alain Escada, son sexy président. Le courriel s’intitule ainsi : « Une politique pour un monde où l’hétérosexualité ne serait pas normale ? » (sous entendu : « Mais où va-t-on si même l’hétérosexualité, qui devrait être la norme naturelle divine à défendre, est montrée comme un délit par l’État français et qu’elle perd son statut de norme sociale ??? ») Alain Escada y défend bec et ongles l’hétérosexualité et craint qu’elle soit anéantie par un « État totalitaire qui cherche à détruire l’hétéronormativité et qui considère les hétéros comme anormaux », et par une souterraine mafia LGBTQI (« LesBiGayTransQueerIntersexes ») dont il gonfle considérablement la puissance pour encore plus (se) faire peur, et surtout pour se justifier d’être aussi incisif que ses détracteurs. Pour ce monsieur, s’attaquer à l’hétérosexualité revient à s’attaquer à la famille et à Dieu. En revanche, comme par hasard, jamais Alain Escada ne parle d’amour ni de désir entre l’homme et la femme, de familles aimantes, quand il la défend. Son discours est sec, nataliste, familialiste et « théologique » par principe et par anti-conformisme : pas par amour ni par liberté. Ses ennemis (les médias, les athées, l’idéologie laïcarde et relativiste, les cathos ordinaires, les gens de gauche, la société post-moderne toute entière, la République !) ont plus d’importance à ses yeux que ses amis, que l’Église catholique, que l’amour dans la différence des sexes et dans la procréation.
La preuve, donc, qu’on peut être contre le « mariage pour tous » sans pour autant être intelligent, sans pour autant avoir compris la Loi Taubira et s’y opposer pour les bonnes raisons. La preuve qu’on peut défendre en apparence la famille sans l’aimer et tout en cautionnant inconsciemment (dans la paranoïa et la victimisation anti-fasciste) un modèle hétérosexuel qui la détruit, tout en étant soumis intellectuellement au clivage homophobe ET gay friendly « les homos/les hétéros », exactement comme les pro-mariage-pour-tous et les couples homosexuels.
Oui, plus que jamais : méfiez-vous des promoteurs de l’hétérosexualité. Ils sont extrêmement dangereux, car ils défendent la famille sans le corps ou sans l’amour.
Philippe Ariño
P.S. : Au fait, si vous voulez rigoler un bon coup, inscrivez-vous à l’Université d’été de CIVITAS à Unieux du 26 au 29 juillet. Moi, c’est bête mais je peux pas (j’ai aqua-poney). Sinon, j’y serais allé avec plaisir pour écouter les brillants topos pro-hétérosexualité de Vivien Hoch et des autres. Vous me raconterez ?