Je trouve toujours édifiant de voir comme les mots « barbarie », « absurdité », « monstruosité », « terrorisme », « odieux », « horreur », servent à masquer l’objet d’indignation par l’indignation elle-même. On ne désigne rien en nommant ainsi. On ne réfléchit pas. Au contraire, on magnifie, angélise, l’acte, en le déshumanisant. On le dédiabolise en l’horrifiant.
« ‘Monstre’ est un mot commode pour ne rien nommer du tout, et par conséquent ne rien essayer de comprendre non plus, puisqu’il s’agit aussi d’innommable, justement, de non-représentable, d’impensable. » (Philippe Muray, Festivus Festivus, p. 129)
En noyant le fait par la réaction et la légitime émotion qu’il suscite, les mots abstraits, aussi puissants soient-ils, ne nomment pas le mal (attaque de Satan contre Jésus ; le fait que l’islam – et non les Musulmans – soit satanique).