La Nature n’interdit rien. Il n’y a que l’Homme qui interdit. La Nature, elle, rappelle sans cesse qui elle est et quelles sont ses limites : celles que l’Homme peut dépasser et dompter, celles que l’Homme ne peut pas dépasser au risque de se détruire lui-même. Et concernant les secondes limites, l’Homme moderne a de plus en plus tendance à les nier, à dire que deux hommes peuvent faire un enfant tout seuls et fonder une famille, à prétendre qu’un éducateur est un père, à croire que la filiation n’est pas une question de sang mais d’« amour » et d’« éducation », à imposer que le sexe anatomique n’existe pas et n’est que la projection sensitive de la personne qui le porte, ou qu’un conditionnement culturel arbitraire et opprimant.
Tout récemment, un journaliste (hyper bobo et se présentant comme un « hétéro » gay friendly) m’interviewait en me demandant : « Pourquoi on interdirait aux homos d’adopter, de se marier, d’avoir des enfants comme tout le monde ? ». Je n’ai pas eu la présence d’esprit de lui dire que la question de l’interdit ne concernait pas la Nature, que le droit n’avait pas le pouvoir de transformer tous les réels ni de modifier totalement la Nature. Interdit-on par exemple aux hommes de donner le sein ? Non. La question du Réel n’est pas uniquement celle de la volonté ou du sentiment mais bien celle d’un possible limité qui nous dépasse. Faudrait-il une loi pour attribuer aux hommes le droit de donner le sein à un bébé pour qu’enfin on puisse voir qu’eux aussi, ils peuvent le faire et être à l’égal des femmes ? Non. Une loi ici ne changera rien aux limites imposées par la différence des sexes.
C’est exactement pareil pour le « mariage pour tous ». Celui-ci est actuellement proposé aux « couples » homos (qui veulent jouer au papa et à la maman – tout en gommant le papa et la maman biologiques) mais ça ne fera pas d’eux des unions procréatives. Il ne s’agit pas d’un interdit, mais d’une limite objective, d’un impossible. La Nature n’est pas qu’humaine. N’exerçant pas de volonté, elle n’interdit rien. Elle suit un cours qui impose des réalités à l’Homme, mais sans volonté de « punir », de « discriminer », d’« interdire », de « faire le mal ». Elle ne fait que marquer des impossibilités, et non des interdits.
À ce journaliste, je n’ai pas eu non plus le réflexe de rétorquer que, concernant la Nature (et le mariage est naturel puisqu’il EST la différence des sexes ; l’engendrement EST naturel puisqu’il est corporel ; et l’adoption n’est pas naturelle mais l’adoption d’un enfant la moins catastrophique est celle qui contient quand même le rappel d’origine naturelle puissant qu’est la différence des sexes), tout ne tourne pas autour du permis et du défendu, autrement dit autour de la petite volonté égocentrée de l’Homme, du petit ressenti nombriliste des humains. La relecture anthropocentrée du droit, du Réel, de la Nature, de l’Amour, par nos contemporains progressistes pro-mariage-gay fait peur. Où se trouvent leur humilité, leur respect de la Nature, leur réalisme ? Quand arrêteront-ils de se faire passer pour des victimes tout en continuant d’agresser ce qui EST et tout en se fuyant eux-mêmes ?