Quand nous les mettons devant la réalité, certains ecclésiastiques trouvent encore le moyen de nous rétorquer un laconique « Oh… tu crois? », un « Non, tu exagères… ». Mais les faits sont quasiment là, et sont proches : à moins d’un miracle et d’un véritable réveil, l’Église française, à l’échelle de dix ans seulement, va perdre les 2/3 de ses prêtres (info que je tiens de beaucoup de curés). La fréquentation des églises est globalement en chute libre dans notre pays (à l’exception de certaines paroisses parisiennes ou lyonnaises). Dans l’intervalle entre 1972 et 2009, le pourcentage de catholiques pratiquants était déjà passé de 20% à 4,5% (… et encore… dans ces 4,5% de pratiquants réguliers, qui « pratiquent » vraiment ce que demande l’Église ? Personne. Pas même moi). Si on ne fait rien, dans dix ans, l’Église en France sera sur le point de fermer boutique. Et je ne parle même pas de l’état de nos médias cathos (l’année dernière, j’ai pu constater combien la plupart de leur personnel était pro-mariage-pour-tous!), ou encore de l’Enseignement privé (…privé de foi catholique, à l’évidence ! et enserré par les subventions d’État). Je ne parle même pas de l’état de nos caisses : beaucoup de catholiques ne préfèrent pas le voir, tout dépendants psychologiquement qu’ils sont du mythe honteux des « richesses du Vatican »… et pourtant, il est difficile d’ignorer que les appels au denier du culte dans nos paroisses se font de plus en plus discrètement pressants. J’ai entendu un ami prêtre me dire le plus gravement du monde que « l’Église de France s’appauvrissait à vitesse grand V » et qu’Elle était en train de « devenir pauvre » : la plupart des catholiques pratiquants lui aurait certainement ri au nez… et pourtant, il a raison.
Allons-nous jouer les autruches longtemps sous prétexte d’Espérance et de positivité, sous prétexte que c’est la qualité plutôt que la quantité qui compte (alors que la quantité est importante aussi et illustre souvent la qualité : on juge un arbre à ses fruits, comme le dit l’Évangile du jour), sous prétexte qu’il faut ouvrir l’Église à ceux qui ne croient pas ? Allons-nous continuer à croire que l’Église de France vit des renouveaux intéressants, des lendemains inventifs, qu’Elle se régénère bien et s’engage en politique (ce qui est faux : regardez le score minable qu’a fait Force Vie aux Européennes, alors qu’il était le seul label clairement catholique qui défendait nos couleurs ; regardez la laïcardisation qu’imposent nos gouvernants socialistes actuels à notre pays sous couvert de liberté religieuse) ? Jusqu’à quand allons-nous nous complaire dans notre léthargie et consommer de la messe dominicale une fois par semaine en laissant notre identité et notre foi catholique au rang d’activité-loisir qui n’implique pas toute notre personne et toute notre vie ? Quand est-ce que les catholiques de France vont vraiment se lever et cesser d’avoir honte de Celui (= Jésus) et Celle (= l’Église) en qui ils croient ?
Arrêtons de nous féliciter du « mouvement des consciences » (si discrètement catholique… voire pas catholique du tout, en fait) qui est né de l’opposition à la loi du « mariage pour tous » l’année dernière. Car en réalité, ce sursaut national a montré combien l’Église française ne s’assumait pas, combien la très grande majorité de nos évêques sont des hommes muets, installés et terrorisés, combien l’Église de France était divisée (pour prendre un exemple bête, dans une ville comme Cholet – ma ville de naissance, qui compte quand même pas loin de 60 000 habitants -, seul un prêtre sur 7 a pris ouvertement position contre la loi Taubira. Les autres ont fermé leur gueule, en prétextant qu’il ne fallait pas créer de division dans leur paroisse, ou bien que l’Église n’était pas un lieu où on fait de la politique). Je ne suis pas loin de penser que seulement 30% des croyants catholiques de France se sont ouvertement opposés au mariage gay (… et encore… pas toujours avec amour et avec les bons arguments), mais que le reste s’est planqué, ou même a cautionné cette loi. Le « mariage pour tous » a non seulement prouvé que la société française était écartelée, mais aussi que l’Église française n’était pas unie, était sur le point de mourir. Les JMJ, la vitalité des messes parisiennes, les festivals de jeunes, LMPT, tout jolis et enthousiasmants soient-ils, sont des écrans de fumée.
Alors pas question de rester sur le constat fataliste et défaitiste que je fais. Il est grand temps que la véritable prise de conscience que l’Église doit occuper la première place de nos coeurs et de notre vie se fasse. Mais cette prise de conscience ne pourra pas s’opérer sans l’acceptation du Réel et l’identification du danger. À vrai dire, une des rares béquilles qui soutient mon Espérance en la France catholique, c’est la prophétie de Marthe Robin. Mais comme j’aimerais que ce soient aussi des faits et des personnes en chair et en os !