L’adoption : le JOKER facile du « mariage gay »

Graffiti de Krema Mesh Nacle (Besançon)

Graffiti de Krema Mesh Nacle (Besançon)


 

Grande découverte pour moi hier soir (8 avril 2014) aux Veilleurs de Paris, en faisant partie des équipes mobiles qui tournaient autour du groupe assis pour informer et écouter les badauds extérieurs à l’événement (parfois Grand Moment de Solitude aussi… tant l’aveuglement sur la loi Taubira et tant l’indifférence sociale par rapport à la famille semblent s’être généralisés : c’est souvent décourageant de voir la montagne de situations hétérosexuelles catastrophiques que cache le « mariage pour tous »…). Cette découverte incroyable, c’est que j’ai réalisé, au contact de nombreuses personnes qui ne comprennent toujours pas pourquoi nous continuons à manifester contre une loi qui est maintenant votée, l’importance centrale qu’occupait dans leur argumentaire – très pauvre et limité – l’ADOPTION. Plus que le mariage (elles n’en sont pas fans car il ne représente pour elles qu’un jour dans une vie), plus que l’enfant (elles sont d’ailleurs assez gênées d’avoir à justifier – et on comprend pourquoi – les pratiques odieuses de la GPA ou de la PMA, avec les cas peu glorieux des enfants nés sous X), leur soutien au « mariage gay » repose sur l’idéalisation du « droit d’adopter » et sur la diabolisation de l’interdiction du droit d’adopter aux « couples homosexuels ».

 
 

L’adoption : l’argument n°1 des pro-mariage-pour-tous qui n’ont plus d’arguments !

 

Le droit d’adoption, c’est le meilleur recoin que nos contemporains ont trouvé pour justifier leur manque de foi en l’Amour, au corps, au sang, à la famille, à l’enfant. Il ne leur vient même pas à l’idée que l’adoption est une réalité difficile, « casse-gueule », souvent ratée et violente. Ça ne les choque pas de rajouter sur la blessure de l’arrachement d’un enfant à ses origines biologiques et géographiques la blessure (organisée législativement) de l’arrachement à la différence des sexes (à travers le don d’un enfant adopté à un « couple » homo). Pour eux, l’important, c’est que l’enfant « reçoive de l’amour » ; et ce qui fait un « parent », ce n’est pas le sang ni la différence des sexes, mais uniquement ses qualités d’« éducateur aimant ».

 

À bien y réfléchir, ce n’est pas étonnant que le lien d’adoption soit devenu le seul rempart idéologique de ceux qui ont quitté le Réel, et notamment des pro-mariage-gay. Car quoi de plus fantasmé, de plus immatériel, de plus volontariste, et parfois de plus égoïste, que la paternité adoptive ? En effet, celle-ci repose majoritairement sur la bonne intention ( = « bien élever quelqu’un », « donner de l’amour », « vouloir être père et transmettre la vie », « sauver un enfant d’un désastre », « ‘apprivoiser’ comme le renard du Petit Prince », etc.). Et la seule chose qui peut aider cette paternité fantasmée à s’incarner de manière relativement réussie (je dis « relativement », car même les couples femme-homme adoptants avouent leurs difficultés, leurs limites et leur impuissance à la concrétiser avec succès), c’est le fait de la souhaiter et de la proposer à tous sous la forme « concrète » d’une loi.

 

Avec cette nouvelle lubie mondiale de l’adoption, c’est comme si on assistait à un sketch sincère généralisé : Tout le monde veut jouer au papa et à la manan ! Distribution de chèques en blanc à tous et par tous !… avec de l’argent qu’on n’a pas (car concrètement, nous ne sommes pas tous géniteurs et nous ne le deviendrons pas par le seul exercice de notre volonté, de notre sincérité ou d’une loi) ! Ceux qui se sont vus décerner par le gouvernement leur chéquier de Monopoly Family ont l’impression d’être super riches et super généreux. Youpi, c’est la fête ! Moi aussi, je peux être un père comme tout le monde ! Ceux – parmi les anti-mariage-pour-tous – qui les voient faire, mais qui croient naïvement que c’est du vrai argent qui leur a été donné (ils n’ont pas compris que la différence des sexes ou la paternité ne se transmettait que par voie sanguino-divine : pas par papier ni par autorisation gouvernementale écrite), sont paniqués et hurlent au gaspillage. Et nous, au milieu de tout ça, on voit qu’il s’agit bien d’un sketch, ni à prendre trop au sérieux (le droit à adopter ne créera jamais, dans le réel, de la vraie paternité de sang ; de plus, si nous nous appuyons sur les faits, nous voyons qu’argumentativement nous sommes beaucoup plus forts que ceux qui défendent ce droit et qui n’y connaissent rien aux réalités de l’adoption : addiction aux drogues, échec scolaire, fugue, schizophrénie, dépression, adolescence explosive, suicide, etc.), ni à prendre à la légère (n’oublions pas que la loi Taubira, qui a des conséquences concrètes dramatiques sur le mariage et la filiation, a démarré historiquement, comme par hasard, par la défense de l’adoption : je me souviens encore de l’article de Madame Taubira dans le journal La Croix en septembre 2012, dans lequel cette menteuse professionnelle arrivait toute guillerette à faire passer pour nécessaire le « mariage gay » en présentant son Joker de l’ADOPTION : « Je ne vois pas pourquoi on fermerait l’adoption aux couples homosexuels puisqu’elle est donnée aux couples hétéros. »).

 

Je contemple les dents jaunes du JOKER de l’adoption, en étant tenté de me laisser aller à l’énervement ou à l’abattement. Mais une seule chose m’aide à me relever et à comprendre que nous avons déjà gagné contre lui. C’est l’identification de la mère de ce clown rieur qui se fout bien de notre gueule de veilleurs et de nos veillées : l’hétérosexualité. Car qui défend hargneusement « l’adoption pour tous » si ce n’est les couples hétéros qui ne s’aiment pas, les célibataires égoïstes, les divorcés ou les séparés ?