“À mon sens, le PaCS était différemment grave du « mariage pour tous » et du coming out, mais déjà très grave, pour trois raisons majeures : 1 – C’est la première fois que mondialement, une loi sociale se base sur l’orientation sexuelle des personnes, et non sur les personnes en elles-mêmes. L’Union civile a donné un statut légal à la pulsion sexuelle, a personnifié la pratique sexuelle, car nous sommes subtilement passés des Droits de l’Homme aux « droits des hétéros et des homos », en transformant ainsi les personnes à tendances homosexuelles en espèce, les personnes attirées par les personnes du sexe complémentaire en espèce aussi – « les hétéros » –, et en réduisant donc tous les êtres humains à des bites ou des vagins sur pattes, bref, à des animaux ; ou bien, à l’extrême inverse, à de purs esprits, guidés par leurs sentiments. 2 – Le PaCS a généralisé et justifié socialement l’acte de répudiation (en effet, un PaCS peut être rompu quand on veut et sans même que notre partenaire soit au courant). 3 – Il a mis symboliquement sur le même plan la relation d’amour, la relation fraternelle, la relation amicale, la relation professionnelle (uniformisation on ne peut plus violente, incestuelle et déshumanisante). Autrement dit, le PaCS a contractualisé l’amitié, a fragilisé le mariage (en étant un sous-mariage, un pastiche de mariage), a encouragé à marchandiser tout lien humain et à lui enlever sa gratuité (sous couvert de le « sécuriser »). Même si, en 1998, nous ne nous sommes pas rendus compte de l’homophobie gay friendly du PaCS ni de la fragilisation des liens sociaux qu’il constituait (car dans un pays comme la France, les droits et libertés individuelles sont largement garantis pour toute personne par les délégations d’autorité parentale et les tutelles testamentaires, sans qu’on n’ait besoin de recourir au PaCS ni de justifier le couple homo et les « espèces homos/hétérosexuelles » par la création d’une loi de partenariat parodiant la conjugalité), nous avons franchi nationalement un pas extrêmement injuste. Il faut nous réveiller et avoir le courage de revenir ET sur le « mariage pour tous » ET sur l’Union Civile. L’un ne va pas sans l’autre. Et les deux sont violents et irrespectueux de l’humain. Ils doivent être abrogés.”
Philippe Ariño